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L A K A N A L -A- L A- B O U L E- D 'O R
20 août 2020

L'île aux Fleurs, Madinina 1976-1979 , "N'ou Pati en la Mawti'nik", Ragtime d'une époque colorée, faisceau de vie d'enfance

VENT DEBOUT !

CD CARRIBEAN 2046 retoucheredux

 

Ile de Nevis, Antilles, A-cling A-cling, 1962

Bernard et dany Martinique1976

Soirée Antilles à la Maison Biguine, Mazurka, Cadence Lypso le son à fond, en général et c'est obligatoire bernard et Dany en piste,  je mets comme apéritif les Grammacks, groupe de Dominique, Woo me de Ba Voi Voi  tube qu'on entend dès notre arrivée à la fin de l'Eté 1976 lorsqu'on pose le pied sur le tarmac en Martinique, l'aérogare est minuscule pourtant des centaines de gens attendent sur la terrasse en faisant des youyous, pour chaque antillais la famille en totalité venait le réceptionner en habit du dimanche avec du "Sent Bon" si particulier senteur savon, à ce moment il y a un avion par jour, de notre coté on avance sur la plateforme surchauffée, et l'on distingue une fois les portiques passées Bernard en chemisette tir-bouchonnée à carreaux-rouges, toujours en avance faisant de grands signes, à cette époque ce n'était pas un voyage si courant, à son habitude inquiet pour nous dans ces moments et impatient à la fois, nerveux, attentif, il avait pris les devant un mois plus tôt pour préparer notre arrivée, il dormait chez Rose doudou aux joues rondes à la sortie de Fort-de-France, la Cité Dillon, dans une des CASES en bord de route, le mari jouait aux dominos, la petite maison était près du nouvel hypermarché rustique où on achetera plus tard en quantité industrielle regroupé en famille qu'on redivisait ensuite, il fallait trouver un logement, nous inscrire à l'école et mille choses, heureusement des amis que l'on connaissait de Paris la famille Caristan, la femme faisait de la danse et du patin à glace avec Dany, nous avaient donné les adresses de leur famille du coté de Grand Rivière ou Morne Rouge, souvenir d'avoir couché dans un cabanon au milieu de la jungle,  tropicale martiniquaise (c'est pas non plus la Guyane), j'avais encore jamais vu autant d'insectes en même temps, offert pour cette nuit là généreusement, la route du retour était longue et dangereuse le soir surtout en saison des pluies, elles étaient trouées et balayées de trombes d'eau qui arrachaient des morceaux, tandis qu'eux dormaient à huit dans un réduit

alice et François belvédère de la Montagne Pelée

Belvédère de la Montagne-pelée vue sur saint-Pierre Mer Caraïbes, arrivée 1976- Route extraordinaire de Grand-Rivière, le Prêcheur, G'and Riviè et Prèch'eu.

, et entre autre M Arrouvel qui nous sauva la mise sans compter, il avait le bras long et était adorable avec sa mère qui montait chercher les cocos sur l'arbre pied-nus à 80 ans à 20 mètres de haut, dans la rue du Petit-Paradis, dans sa forêt personnelle des tropiques, redescendait avec le coutelas et prenait le coupe-coupe et fendait d'un coup sans hésiter la noix et nous la tendait pour qu'on la boive gentiment, elle cherchait des fruits et légumes dans son immenses jardin comme le fruit à pain, l'arbre gigantesque avec ses grandes feuilles, mais on ne savait comment le préparer, un grand coeur de gentillesse, nous laissait des choses sur la table de notre maison discrètement sans un bruit, elle nous apprit à préparer les tablettes cocos, le blanc-manger coco, les jus de Maracoudja, plein d'énergie, enfin on ne savait rien faire quoi !

françois photo de l'école Plateau Fofo 1976

 Ecole PLateau-Fofo, 1976

deguisement pendant carnaval, vila fanfan

Dès la descente donc de l'avion presque vide, un Boeing 747 pour quelques pelés et deux tondus à l'époque, le coup d'chaud et l'on prend en général les Taxicos qui nous mènent où l'on veut, là adresse : 1 Rue du petit Paradis, Villa Fanfan, (véridique) Schoelcher WOïwoïwoï serrés entre des grosses Doudous, musique à fond dans les virages, il s'arrête pour remplir quand même encore un peu plus et faire baisser la note, mais surtout ne part que quand c'est bourré, les routes aux gendarmes couchés, nids de poule, routes défoncés, trouées, mais ça passe, Fo lécé RHOUULé, pa poucé moin, ba moin l'agin woiwoi ayen, bigé la ou goce fèss manman lécé pacé yo toubab blan e lé bagaye z'oreil, pa di moin mizic to fo...la mizic moin, moin fatig entan'd toua kom machin...ça kaï maché toute la jouné en têt, toute moun

Week-end bungalow, nage et pêcheUn dimanche comme les autres, nos week-end aux bungalows de Saint-Luce

piscine hilton, bernard, françois, alicela dure réalité, 1978 Hotel Hilton

famile Rocher du diamand 1976Observons les beautés du monde ! ,  La Selecta https://drive.google.com/file/d/0B4npCHSTEZQLS05DeDRNRGJZcjQ/view?usp=sharing

 A ce moment en 1976, il y avait un Hotel déserté superbe, le "Diamond Rock" avec un immense piano noir à queue ésseulé genre Stenway en plein air sous une terrasse à l'antillaise c'est à dire complètement ouverte, les feuilles balayaient le sol, une petite piscine vide en forme de haricot avec un pont qui passait par dessus, l'endroit était superbe emplie de végétation colorées, Bougainvilliers très anciens et fleurs à foison, et la vue sur le Rocher du Diamand la plus fabuleuse au coucher du soleil, le bar fonctionnait l'endroit était hors norme sans aucun touristes alors. Tandis que Dany travaillait à l'Hotel Méridien, il fallait prendre la pétrolette tous les jours, mais c'était sympa, d'autant que le cadre était pas mal, univers Américain, leurs vacances, nous on pouvait circuler dans ces lieux comme notre maison, chaque recoins des hotels nous étaient connus, cache-cache d'enfer.

Ou si l'on prenait les petits Bus vert qui se postaient autour du cimetière, avec son cornet de cacahuètes pour patienter sous le soleil après nos mercredi d'obligations à Fort de France, la grande ville, il y avait tout en miniature, évidemment le coté ombre se remplissait plus vite, mais selon la direction qu'il prenait après on se trouvait après sous la châleur donc on gérait ces détails, les antillaises y étaient imbattables, on ne partait que bus plein, à son stop approximatif, il fallait hurler même du fond AOuè !, comme on avait remonté tous les strapontins et si on était dans le fond, fallait faire lever tout le monde, le conducteur avait bricolé une rallonge avec des tendeurs pour éviter de se lever pour ouvrir la porte, quoiqu'elle restait souvent ouverte même en roulant, qu'on était bien dans ces petits bus, secoués mais comme dans une sorte de communauté, ça s'interpellait entre le chauffeur et les passagers, tout le monde hurlait en créole "si ou kité ta fam, pani problem, yo t'avail ou nég'ess" ou bien des enguelades dignes de représentations théâtrales délirantes, tout le monde regardait et participait par Oii Oii et des rires, une femme s'accroche à un sac, un autre tente de lui prendre, une autre femme s'interpose crie je ne sais quoi, bref on ne comprend rien mais c'est distrayant en attendant le départ du 101, on grignote ses arachides, ses tamarins caramélisés ou les quénettes (petit fruit proche du litchi), ou bien une granité le choix ne manque pas umh !, Pani problem, bon ça va partir "Cé sérieu la", tout le monde remballait vite fait, strapontins Boing boing, et le petit siège pliant minuscule près du chauffeur celui-ci pour le bon dernier, on se retrouvait face à tout le monde, j'avais toujours peur de l'avoir celui là et ça m'est arrivé parfois, on discutait vivement de ce qu'on venait de voir, c'était mieux que Molière. Je rêvais en regardant la rade des Flamands, la mer d'un bleu changeant, les navires avec leurs voiles gonflées semblaient partirent pour toujours comme dit la chanson "Adieu Madras..héla héla cé pou toujou", les pétrolettes qui allaient et venaient entre Fort-de-France et les Trois-Ilets avaient bon train, et laissaient le fin liseré blanc sillage de la coque dérrière, on imaginait car on savait dessus ce qu'étaient les sensations, lorsque le bus s'élevait dans les hauteurs, on ne s'en lassait jamais de ce paysage d'une beauté singulière la lumière jaune, jolie baie, pas de brûme comme en France, tout était clair, on était dans une capsule verte qui n'était pas là pour lambiner car la conduite était à la mesure de la représentation qu'on venait de voir, les chaos de la route, conduite sportive après la saison des pluies, et insultes en créole, toutes étaient trouées, les bus contournaient ou parfois s'en prenait un dans les roues, une passagère " woiwoi misieur pilot, attention mes fès la". Bref ces petits voyages étaient passionnants, on ramenait nos précieux achats de La Ville avec sa rue Victor Hugo, son Boulevard du Général De-gaulle (très respecté à l'époque, il avait ses fans, la photo dans la cabanon), Rue François Arago, rue de la Liberté, certains quartiers misérables sortes de cabanes de bois toutes petites sur le bord de la rivière Madame, Monsieur mal odorante, donc dans ce car tous sortaient des paquets de papier craft pour les montrer, chaussures, robes, livres scolaires, bandes dessinées (Blek le Rock, Pif gadget), légumes et fruits du marché, poissons, il y avait une petite fierté, un petit orgueil pour chacun de voir si on avait bien acheté, le comparer aux yeux du monde, la mini société de ce car, première étape de la robe devant les invités à la Noyelle, "ça cé bon affè la", un drap, un nouveau boubou, les filles aimaient des tissus dans les cheveux, colliers à trois sous, la moindre des dépenses devenait comme quelque chose de rêvé d'important, prenait des proportions différentes, je ne sais pas expliquer pourquoi, enfin les retours chaud chaud étaient assez joyeux dans ces petits cars sortes de petits jouets cubiques d'un vert pimpant sur fond jaune, il fallait connaitre le chiffre pour savoir le parcours qu'il effectuait, le chauffeur tournait une manivelle qui changeait le numéro, et ils se plaçaient toujours dans le même ordre autour du cimetière à deux pas du Parc Floral (Aimé Césaire) avec ses murets blancs à la chaux, ils se faufilaient dans toutes les ruelles étroites, à la mesure de l'île, (les RER d'aujourd'hui font frémir d'effroi) et la musique du jour repassait en boucle, et s'égrénaient au milieu des chansons comme une rythmique d'une partition musicale à part-entière les "Aouè" en contrepoint tout le long du chemin, les paquets, les sacs cognaient de partout, salut amical au chauffeur heureux de son travail "paslé bonjou Emil la". Le bus allait plus loin jusqu'au quartier Cituon, ou le fameux Quartier Terres-Sainville, Faubourg Thébaudière, sorte de bicoques qui n'avait rien a envié des Favelas de Rio perchées sur ces Monts-Verts, délinquance, drogue et pauvreté régnaient en maitre, ont les voyaient depuis Schoelcher et plateau-Fofo au milieu des arbres ces cabanes accrochées sur des terres qui subissaient des affaissements dangereux à la saison des pluies et ravines, beaucoup d'accidents, les ruelles étaient si étroites qu'il était dangereux de se perdre, pourtant pour un anniversaire d'un camarade, ou autre chose, le pas du être franchit non sans peur, avec une telle réputation et puis être blanc n'arrangeait pas les choses, il fallait raser les mûrs de planches pourries. Il y avait d'autres célébrités à l'Est de Fo de F'anc, la Cité Dillon, le Quartier TSF (Volga Plage), on entendait parlé alors des "Alocasion B'agué", allocation braguette qui était le terme utilisé, pour parler de faire des enfants et d'en obtenir de l'argent à la CAF ça les faisait rire plus qu'autre chose, à cet époque le nombre d'enfants était sans limite et si c'était rémunéré quel bon job.

Terres-Sainville aujourd'hui bétonée, c'était plus impressionnant en 1976, mais comme Terre Sainte c'est pas encore gagné !

terresaivillesPhoto par marieulric.blogspot.com, 2007

 Ce soir là du coté du Carbet près de la piscine Olympique s'il vous plait, pas loin du "Latitude", où nous avons passé de sacrés fichtres de bons de week-end par Zeus piscine-ping-pong-grillades, bref ce soir là vers 21 heures en 1978 au Carbet nous attendions la grande Ophélia herself venant de sa Dominique, très misérable à ce moment, voisine de la Martinique, une star de l'époque, dans une chaude chaude atmosphère antilllaise tropicale Biguine mêlée d'un reggae, comment ne pas Bigé et pas Pléré...Tout remonte comme la vague de l'enfance.

45T ophelia copie

 Gloria son tube Biguine dansant

  Comment resister au rythme, bernard ne pouvait pas plus d'une ou deux secondes

 Nous ça dansé

Ai Dominique

Harry Belafonte Jamaica Farewell

sur la coccinelle rue du petit Paradis, schoelcher1977 Villa Fanfan, 1 rue du Petit Paradis, la chanson de schoelcher que l'on entonnait par coeur :

La montagne est verte, Schoelcher chéri
la montagne est verte
Schoelcher ka brillé
comme une étoile à l'Orient
Grâce, à grâce à Schoelcher,
ki poté ban nou labolision de lesklavaj
Grâce, à grâce à Schoelcher,
ki poté ban nou la liberté ki si chè en nou
Grâce, à grâce à Schoelcher,
Ki mandé pou nou labolision dè lesklavaj
Royoyoyo...
Royoyoyo...
Olé Angélina, joli bateau
Angélina joli bateau
Beau bâtiment qui est dans rade la
Angélina a remporté la victoire 

dany montagne pelée, marche jusqu'au cratère1977, Montagne Pelée

Et puis le lendemain pour se remettre, un peu de voilier, sortie en "Requin" -tout en bois, sloop extraordinaire et très rapide, racé, mon école de voile à quille longue, j'y ai appris à naviguer, certains c'est l'Optimiste en Bretagne moi c'est le Requin en Martinique, fabriqué en Finlande en 1930 pour les lacs !- allons vers nos plages préférée par la voile -oui parce qu'il y avait les plages accessibles en voilier uniquement, genre Anse Dufour et les autres où il était préférable d'y aller en Coccinnelle en traversant la Martinique, on se tâtait-, l'Anse à l'âne, l'Anse Mitan, Grande-Anse, les Anses d'Arlets, l'Anse Céron, pour Sainte-Anne on contournait le rocher du Diamand avec de forts courants, Sainte-Lucie, l'Anse Dufour, on avait le temps, on y croiserait forcement le baroque Kon-tiki restaurant voguant, ou plutôt paillotte rectangulaire avec joueurs de SteelBand -on en avait un petit à la maison, on peut  même jouer du classique https://drive.google.com/file/d/0B4npCHSTEZQLS2t3SEp5VW1OM0k/view?usp=sharing - ou bien le Voilier quatre mats Club Méditerrannée monstre à touristes, les divers pétrolettes faisant les navettes pour quelques francs, l'essentiel était à l'intérieur la glacière bien pleine de glace pilée, de boissons, remplie au vol, sur la Baie des Flamands sur le port, en face de l'Abri-Côtier et la Savane -restaurant en bois et feuilles de cocotiers sur la mer dans la brise, a l'époque la tortue y était proposée au menu, sorte de steak verdâtre- avec des énormes machines qui broyait des cubes de glace, quelquefois on prenait le plus "petit cube" si on n'avait pas le temps. La rivière insalubre qu'on enjambait, rivière Monsieur ou Madame à la Pointe Simon, boum le gendarme couché qui tapait sur les pots d'échappements doubles de la voiture qu'on n'a jamais cessé de réparer, sa faiblesse une garde au sol  trop basse pour les routes pourries de là-bas, après une descente sur Fort-de-France depuis Schoelcher du quartier des Poiriers, passer le quartier Saint-Catherine, le grand Lycée (couvent) Cluny  Privé de filles (Ségo même époque) en face de l'Ecole Pointes-des-Nègres, par les virages, avec notre Coccinelle blanche pétaradante, on nous entendait de loin un peu comme une vieille voiture de sport, petite mais efficace avec sa petite trappe du toit ouverte pour l'air, appelé "toit ouvrant",  assis sur une fesse sur les sièges en skaï noirs trop bouillant, le volant aussi, bernard conduisait déjà à l'antillaise sans peur, un style particulier on force un peu son passage -lorsqu'il traversait en bus vert, serré comme des sardines, les quartiers "cho y cho bagaye la chaud bagaye la chaud" Trenelle de l'époque école de durs pour Volga Plage avec madame Donini ou madame Gastaud quand on n'avait pas encore de voiture, il lui fallait traverser tout Fort-de-France dans la chaleur et embouteillages- on passe l'Ecole Normale perchée dans le virage puis plonger vers le port, le quartier Texaco sur la gauche -on y avait été avec Claude voir un collègue de l'EDF qui vivait avec une Haïtiennne, Claude prétendait qu'il avait été Marabouté, en effet le pauvre Touba blanc comme un linge, maigre comme un clou, vivait sous la coupe de cette femme très forte le verbe haut elle affirmait sa nationnalité de Haïti, très belle mais super dangereuse, il y en avait beaucoup de situations comme celle-ci-  puis on longeait la baie des Flamands (je n'y jamais vu de ces oiseaux) sur le Boulevard Alfassa, on voyait dans le fond entre les végétation foisonnante de la Savane (place centrale), Filaos, Flamboyants, Tamariniers, Bougainvilliers, Cocotiers, la Baroque Bibliothèque Victor Schoelcher superbe architecture Art-Déco avec son arbre du Voyageur, Palmier en éventail, devant elle, au-delà ça remontait sur Saint-Didier, on pouvait de partout observer la mer et au loin les Trois-Ilets, son golf (vraiment très clair et bleuté celui-ci) oui et son golf vert 18 trous en bord de mer qu'on longeait en voiture, une merveille, Bernard y a eu sa première Inititiation avec un grand Golfeur, on y allait souvent pour sa plage et le surtout l'hotel du Bakoua, en pétrolette la plus grande était bleue et blanche, gros bateau cubique à deux étages, à deux quilles catamaran, les enfants plongeaient entre les quilles pour chercher de l'argent que les touristes rares sur le ponton de la jetée leur lançait dans l'eau, malgré les moteurs inquiétants qui tournaient impressionants, le bruit et l'odeur de mazout, il devait faire une sorte de demi tour pour partir dans l'autre sens en approchant la mini plagette, les cailles, heureusement les fonds étaient suffisants, les sourires éclatants des petits Martiniquais un peut misérable, vivaient dans le Quartier Texaco où le Fort-de-France un peu coupe-gorge le soir, avec leurs shorts délavés faisant office de maillot, les plus petites pétrolettes rasent sur l'eau et bondées partaient pour les plages de Grande Anse, Anse d'Arlets, Anse Dufour, Saint-Anne, le Bakoua était sympa comme dans une caricature des tropiques avec des paillottes de filaos cloués à même le cocotier, des sièges pour s'allonger sur un sable jaune importé de l'autre coté de l'île des Salines ou Cap Ferré et son sable blanc, celui de Saint-Pierre tranchait noir volcanique, les fonds y étaient pourtant les plus beaux, l'eau limpide mais froide et sa vaisselle fondue, liée à l'explosion de 1902 (Louis-Auguste Cyparis, prisonnier sauvé par son cachot en sous-sol, survivant comme le cordonnier Léon Compère-Léandre Saint-Pierre, une chanson lui est dédié) que l'on trouvait par kilo et que l'on collectionnait quand même, elles étaient si belles lorsqu'on les voyait au masque colorées de rouge et bleu entre les poissons, les raies et l'épave, mais qui nevalait pas la plage blanche du Cap ferré... je m'égare donc on prenait le petit virage sur le Fort Saint-Louis près des cargos géants et centre de carénage, le petit club nautique sur la droite, après une traversée de quelques heures uniquement à la voile et des réglages en finesse, on arrive doucement sans moteur, avec le foc seul "oui misié", comme des pros, le public de connaisseurs raffinés admirent un mouillage parfait même mieux, épatés, c'est Claude le capitaine et son Requin, très important le style en voile tropicale, plouf la petite ancre symbolique, on peut tirer le bateau d'une main debout dans l'eau, vérification de la mince dérive, calme plat, on passe les victuailles sur une très légère annexe d'enfant, contenant la Bière Lorraine et Le Jus de "Avec Madeva Tout Va" entreprise d'Arnaud Dorenal avec sa grosse voiture américaine décapotable bleue superbe vers le Vauclin son île, le sigle est de Bernard bien qu'il ne buvait pas trop de jus de fruit, pour aterrir sur le sable brûlant, à la bonne heure juste le temps d'aller prendre un rafraichissement dans le bar-pailotte d'une grosse doudou souriante en boubou, abritée du soleil, sorte de cabane posée à même la plage avec des jolies tables très simples et patinées, les bouteilles de rhum et le niveau au feutre, elles ouvraient une sorte de ventaux de bois qui faisait office de fenêtre, un réfrigérateur était branché, on voyait courir le fil sur le sable qui rejoignait le poteau placé dans la rue, parfois on y mangeait le Blaff d'Oursin blanc sorte de purée avec l'oeuf de l'oursin frais (moi j'aimais pas ça), où on mange enfin notre poulet grillé sur la plage, puis la baignade, admirer les fonds avec le masque, palmes, et sentir l'Alizé chaud, Fo Léssé Youlé. Tout était doux sans violence, le temps passait comme un liquide tiède sans peurs du lendemain, le jour était beau, on ne pouvait rien demander de plus, le sourire ne se déparait jamais ou presque de nos visages. Notre premier cadeau de "la noyelle" a été un masque, des palmes et un Tuba, le nécessaire de vie de rigueur sous le sapin en Plastique et le Filao qui faisait office, quand j'y pense à ce premier Noël très étrange de se retrouver à la plus belle saison de l'année là-bas en maillot de bain au mois de décembre par 30 à 35C°, je vous jure que l'on s'y habitue très vite, on a mis des chants de Noël, les Martiniquais vont à l'Eglise à minuit habillé de blanc maculé, c'est une vrai fête, cette année là on avait du invité nos premiers amis et voisins antillais. Je me souviens de notre arrivée, il fait nuit à 18h30, la pluie du soir, les grenouilles et les grillons-cricket qui font leur musique pile à l'heure chaque jour, Quelle bande son mes amis !,  on découvre héberlués un paysage nouveau et une châleur tropicale avec l'humidité dans l'air, on arrive devant la Villa rue du Petit Paradis, conduit par Monsieur Arrouvel et sa grande voiture break beige impeccable - A l'époque garder une voiture neuve est une gageure, le sel finit par bouffer, d'abord par le bas de caisse qui rouille n'importe laquelle et comme les pièces détachées venaient par Cargo de France, après la commande qui mettait un à deux mois-, on entre et dès notre arrivée Bernard nous ouvre une boite de conserve sortie du frigidaire, se réjouissant d'avance déjà de voir notre tête en buvant la première gorgée, comme  lui un mois auparavant, il essayait tout les jus de fruits et nous sert notre premier jus, c'était de la Goyave, le choc des papilles, c'est pourquoi depuis plus rien n'atteint cette saveur de fruits tropicaux, c'était un peu le début de l'histoire, la première page s'ouvrait à ce moment dans un univers qui modifiait les repères et entrainait ainsi la curiosité vers d'autres goûts, d'autres visages, d'autres senteurs. Ce n'était pas un petit dépaysement comme on dit, on allait vivre différemment du matin au soir et avec plaisir bien que l'école ne fût pas une mince affaire, on se sent un peut seul durant un temps, et j'avais du mal à quitter Danielle, l'école était à deux pas, mignonne comme tout, une école de Babar toute jaune avec vue de la classe sur les monts verts, les bananiers, les senteurs de fleurs et de fruits entraient dans la classe sans fenêtres, la grande nature avec ses fruits à Pains et Flamboyants qui devenaient d'un rouge d'une densité si forte, au loin on apercevait par temps clair la Montagne Pelée, mais j'étais tombé sur une enseignante blanche de métropole sadique et à moitié folle du nom de madame Bare, on avait droit à se faire taper à la règle sur le bout des doigts (pas trop pour moi j'étais bon élève), elle me faisait peur celle-là, bernard et dany l'ont rencontré en boite de nuit dans un sale état de drépavation, je la revois toute maigre et les yeux méchants, j'y pense elle devait être complètement sortie d'hopital Psychiatrique, il y en avait un en Martinique et bondé du nom de Colson au centre de l'île, elle était atteinte comme beaucoup de blancs-métro qui tombaient dans une désillusion, dépression des tropiques surtout les femmes, elles tombaient amoureuses d'Antillais et se faisaient larguer comme tout bon Martiniquais fissa, et c'était insuportable, elles s'accrochaient, lui passait à une autre, parfois il y avait un enfant, elle rentrait en métropole dans sa famille. D'autres perduraient et devenaient folles ou fortement atteintes du mal des tropiques, valait mieux rentrer avant que celà ne se gâte.

ECOLE plateau FOFO, 2003

 En 2003 lors d'une sorte de pélerinage nostalgique, l'Ecole PLateau-Fofo

On entrait par derrière lorsque l'on habitait Petit Paradis, celle qu'on voit c'est plutôt la classe d'Alice les grands, mais cette entrée-ci pour aller, après déménagement, dans notre autre quartier des poiriers 1,5 km à pieds dans la nature par un petit chemin, en passant par la boutique de bonbon et tout'chos un peu après, Mistral gagnants encore présents, les Martiniquais achetaient pour dix heures du matin, ou avaient dans leur sac, de gros pains carrés un peu brioché, découpé avec de la margarine genre Un cm d'épaisseur et une côtelette ou je ne sais quelle friture, nous avec notre petit biscuit, il faisait si chaud aussi qu'on avait pas trop d'appétit à cette heure-ci, mais je crois qu'après on a pris l'habitude de manger.

Bref à cette fameuse rentrée 1976, déjà en retard, car étions allé acheter un livret scolaire au diable vauvert à Fort-de-France dans la rue Victor Hugo, il n'y avait qu'une papeterie et librairie, ou je ne sais plus, peut-être que l'on ne nous a pas appelé dans la cour, le cauchemar de tout élève, je n'arrivais pas à écrire mon nom sur une feuille, je tremblais comme elle, les autres enfants étaient gentils pourtant mais l'ambiance était inquiétante, il y avait bien une petite blonde mais je ne me souviens pas qu'elle m'aida dans cette solidarité. Aujourd'hui on est habitué, mais à l'époque débarquer dans une école avec trois, quatre blanc métro  max, on est surpris, d'autant que vous étiez observé de loin par les fillettes et les garçons parlaient en créoles ça n'aidait pas, surtout que j'étais d'une timidité clinique, j'avais de grande oreilles idéal pour m'appeler Z'oreil la, bon ils n'ont jamais été méchants je dois dire, mais blond c'était la marque du métro. Mais au final cette classe était gentille.

Alice était dans la même école en CM1, une fois elle s'est plainte à maman d'un garçon qui "l'embêtait" à la sortie chaque fois de l'école (genre trois ans de retard), elle vint voir la directrice qui demande à ma soeur c'est qui celui qui t'embête ?

elle montre timidement du doigt le grand échalas, la directrice l'appelle en Créole d'une voix forte "Véné Ici ti suit La", ma mère n'avait pas vu qu'elle avait une sorte de bâton à la main, un peu gênée, euh non, la directrice prit le garçon par le bras et le frappa de plusieurs coups très violents dans le dos en lui hurlant en créole des douceurs comme "ti touch enco blanche là, moi yo tué toua démin, ta mè va pléré, pa bon ga'çon", devant tous les autres enfants qui regardaient dans la cour de récréation pour montrer l'exemple, ils en avaient vus d'autres, Dany était choquée, elle ne voulait pas ça, juste discuter. Sur d'elle cette directrice Martiniquaise dû lui dire en créole  "les Sal Neg fo Tapé têt com ça sinon Pani comp'ende ayien", aucun autre enseignant n'aurait rien eut à dire, ni et encore moins les parents concernés, en effet Alice a été tranquille après ça. Mais elle rentrèrent tout de même bouleversées.

Marin' Bar, Manset

bernard, michel bredon, françois quotidienLa bière lorraine à la main que demande le peuple !

Il y avait ces jours de régate et lorsque l'on passait plus vite, rasant les cailles sur la Pointe Simon avant l'Anse Dufour, le capitaine claude Chétrit hurlait "Lâche ton frein a main" au pauvre navire plus lent parce que plus gros et chargé de luxe indécent, incroyable une cuisine, toilettes, douches et plusieurs cabines doubles, ils faisaient 15 ou 20 mètres, des Swans superbes avec pont de teck parfaitement plat et lisse, des mâts interminables très voilés, des oeuvres d'art suédoises hors de prix, des deux mats, des goélettes de 20 à 30 mètres, de voyageurs richissimes au long cours qui faisaient le tour du monde complet pour s'occuper plusieurs années, en maillot de bain et peau rosé avec famille, parfois prenaient un avion au cours d'une escale plus longue, plus confortable, laisser le bateau pour traiter une affaire à Miami ou New-York et retour sur le bateau. Les premières planches à voiles un peu lourdes s'aventuraient et les touristes se faisaient attirer par le courant vers le large, des frimeurs de métropole bien bling bling et pathétiques, on les prévenait mais non ils savaient déjà tout, qui au final devaient être secourus par des zodiacs sur-motorisés pour aller en pleine mer, ils dérivaient comme des malheureux au milieu de la mer haute, voile dans l'eau évidemment, ça roulait des épaules, ça se croyait supérieur pire que les Antillais, des petits-blancs assez nouveaux riches, avec leur sale mentalité de colon et éternelle du Français qui est chez lui partout en ce monde, sans trop de respect pour les locaux, ça bronzait en monokini minimum sur les plages en plein cagnard, la plus mauvaise saison, ils se prenaient des coups de soleils insensés, rose comme des cochons ces américains (insensés, nous on se cachait du soleil mais on avait la peau bronzée en permanence, surtout Dany), on les voyait débarquant ridicules de l'avion, shorts à fleurs croyant être à Tahiti avec les vahinés à l'arrivée qui vous offraient un collier de fleurs, souriant de leurs plus belles dents nacrées, aux aromes d'huile de Monoï sur une poitrine généreuse et nue, que neni, ça se voit qu'ils ne connaissaient pas le caractère des Antillaises faut aimer, c'est pour amateur de changement d'humeur en une fraction de seconde sur le visage on le décellait et se méfiait de ce qui allait sortir de la bouche, il fallait y jouer de la diplomatie vanter leur beauté physique avec un trait d'humour ça marchait, on récupérait ce qui allait partir en désastre. On ne savait jamais sur quel pied danser, "fallait se les farcir" aurait dit Bernard, bon se sont de sacrées danseuses y a rien à dire, elles dominent le sujet et les rythmes qui s'immiscent à l'intérieur de leurs corps, elles bougent avec chaque parcelle de cellule vivante avec joie et plaisir sincérité, elles n'acceptent pas trop les mauvais danseurs, donc les blancs étaient au plus mal dans leur regard comme handicapés d'une jambe ou d'un bras pareil, des corps musclés et souples de vrai lianes, jeunes.

Ecole Volga Plage bernard classe CPClasse 1976 avec son inéffable grande chemise à carreaux rouge, Volga-Plage ou Trénelle, Fort-De-France

Elles savaient aussi subtiles vous laisser poireauter une demi heure au café  "L'Impératrice"  style colonial, superbe café, les jus étaient délicieux la perfection jamais retrouvée et frais, avec fan à hélice en bois qui tournait lentement sur le plafond, en général un rituel le mercredi, avec nos Rahan, Canard-enchainé, France-Antilles Tintin, Spirou, sur la table chacun feuilletait quelque chose, décoré  de faience blanche assez chic, très propre, c'était le plus soigné de Fort-de-France, mais Joséphine de Beauharnais était la serveuse ou quoi !, tandis que tous les Antillais étaient servis, même ceux venus après vous, ou même quand il n'y avait pas un chat si vous aviez l'outrecuidance de l'appeler pendant qu'elle discutait avec une amie sur le trottoir, elle vous traitait de Toubab montait sur ses grands chevaux en fronçant le front les yeux colériques, que de haine et parlant fort volontairement en créole aux autres clients comme si vous l'aviez insulté, ils prenaient leur revanche et avaient plaisir à nous humilier parfois sans raison, mais mon père de gauche premier défenseur de toutes les valeurs d'égalité de justice et vrai socialiste, eux inculltes en politique ne savaient pas repérer la différence, un toubab c'est un blanc point, un Z'oreil un colon quoi, ils ne sentaient pas le moment ou ils devaient respecter une personne, la limite, le verbe haut menton levé ça souvent, se taire non jamais, parce qu'il était "Blin" c'était râpé, traiter mon père, cet être extraordinaire comme leur bonne, ça leur semblait jouissif mais Bernard philosophe n'en a jamais souffert, ni nous d'ailleurs, ça, ils nous ont bien fait I'golé après coup de leurs humeurs subites, susceptibles, irrascibles à l'extrême, toujours ce même refrain un peu partout dans l'administration, on devait procéder par la force brutale, y'avait pas d'autres solutions, notre ami M arrouvel un Béké, prenait son téléphone et tout s'arrangeait dans la journée, il enguelait toute l'administration visée en créole obligatoire et très brutalement et le pire c'est que ça fonctionnait comme ça en les traitant de tous les noms d'oiseaux...du paradis et de mémoire imparfaite, bien entendu la langue de bois y est proscrite, et ce n'était pas la chappe de silence coupable qu'on subit grace aux médias d'aujourd'hui, dans la parole ça se disait avec la voix haute et forte, les yeux dans les yeux et rouge de colère de préférence pour impressionner faire son coq (je ne suis pas expert, sensibilité passez votre tour) " Saoufé médam aujodui ou va fé chiè moin pa lontan, sal nég'èss ou bigé gos fèss fonctionè la, lécé toubab montagnon trinquil ou taité les com chien é famil toute bagaye là blain, rempli bon papié, i ou fè ça moin démand' mintn'an, si moin apèl chèf la, ou ka alé pointé chomaje, pani t'avail, pani agin, alo ou ka pléré, pani mingé pou bagaye, la misè, ou pa vini chéché moin ça va fé mal, Pa di Papa Bon dyé Fot la", on lui demandait de traduire, c'était un homme d'une extrême courtoisie, grand raffinement très bien éduqué dans de bonnes écoles, il nous disait avec délicatesse, je leur est simplement expliqué ce qu'ils avaient à faire on va s'arranger, attendez dit il très doucement je glisse encore quelques mots pour préciser, reprenait une voix déterminée " Fam la ou bin compi, yo ka pa pacé démin pou tapé ou têt la", j'ai ajouté des recommandations, venez je vous ramène", un truc qui aurait pu s'enliser des mois entiers, sans résultats c'est certain, comme pour la banque BDAF banque des antilles françaises cela a été le même topo il est venu sur place démêler l'affaire avec le Directeur de la Banque (qu'il connaissait) pour débloquer notre ordre de virement entre Paris et Martinique, pour que la paie de Bernard fasse le chemin ( Acronyme Bernard-Dany-Alice-François c'est bernard évidemment qui l'a trouvé et par Ordre de l'age encore sa magie des lettres et des chiffres), aussi pour changer d'école, on était à la lisière Fort-de-France/Schoelcher, la maison à Schoelcher mais l'école la plus près était à Fort-de-France, Pointe des Nègres, aussi pour la sécurité sociale, ils faisaient un excès de zèle pour nous et si Dany y allait toute seule c'était la catastrophe, et dans les queues on se faisait passer devant, si on ne disait rien en créôle, ce qui était le cas, ça continuait.

Gilbert Laffaille, Dents d'ivoire et peau d'ébène (Bernard adorait ce morceau)

Pourtant leur vrai complexe restait le débat sur la couleur de peau, chabin, le degrés de métissage âpre discussion, il y en a un annuaire de variantes, mais alors plus on était clair mieux c'était, mais " Woïwoï...pa blain a fo pa wouévé color mor la, you voulwa tié moin ou kwa", quel beau métis on entendais (en soi cette définition raciale reste choquante contre-productive) plein de contradictions de maux jamais digérés, un traumatisme d'humiliation ancienne qui n'est pas passé, en travers de la gorge à cette époque en 1976, qui avaient pour racine la colonisation et l'esclavage des Français (Ils les amenaient forcés d'Afrique, les indiens sont venus volontairement, tandis que les Arawak amérindiens, les vrais autochtones étaient décimés par les maladies des occupants des bateaux), qui établissaient eux-même une hiérarchie sociale en fonction du niveau de la pigmentation la teinte du noir au café au lait et les cheveux lisses et longs avaient meilleurs presse en vérité. Pour mieux comprendre "Paroles d'Esclavage-"https://www.youtube.com/watch?v=uFMyhIjvnnA

Enfin leurs petits (arrières?) enfants semblent prendre leur revanche sur la cible privilégié à Paris, les blanches de préférence blondes, le trophée à mettre sur son téléphone et si les yeux sont bleus c'est le Jackpot, au pire ils exigent de leur compagne de se teindre mais faut au moins qu'elle ait un beau cul sinon passe ton chemin, c'est cet aspect malsain qui me gêne, comme si ce devait être une compétition entre eux, contre eux plutôt, un ami Bernard militant Nationaliste Indépendantiste de Guadeloupe des durs de durs intellos, lui dit texto "vous nous avez emmerdé pendant trois-cents ans avec votre colonisation (1670), on va faire pareil, donc revanche par le lit à l'antillaise, celà me fait un peu mal d'en parler comme ça crûment mais les jeunes semblent avoir perdu leurs racines à Paris, une infidélité à ce qu'ils sont et d'où ils viennent et je n'y vois plus l'âme antillaise. Un ancien vieux sage Martiniquais avec son panana, devant son verre et son litre personnel de rhum 70°C pour la journée et sa partie de dominos, claquant de la main sur la table à chaque coup le domino, il dirait plus simplement, "Ou pé kougné i f'oté d'anse a sondé ak tout fam blin ou rès Pov' Nèg'" .

Bernard était évidemment inscrit au club de Tennis de Table au club de la Batelière, Cité Ozanam, le soir bâtiment de béton en plein air au bord de mer, sorte de grand espace ouvert sur la mer Caraïbes, au second étage, aux bruits de vaguelettes, les femmes apportaient des boudins créoles et des accras bien pimentés impec pour le sport. Le niveau était bon, et il trouva des amis à cet endroit aussi, Montabor son adversaire coriace au club, il y avait des photos de lui régulièrement dans le journal France-Antilles relatant les scores et les exploits. Il transpirait à fond tandis que les Martiniquais frais comme des gardons pouvaient jouer par 30°C ou 35°C tranquillement sans éprouver de gêne, alors il buvait par litre entier, eau, pepsi-cola, Sodas locaux, la bière était proscrite quand même pour rester lucide, donc la Lorraine c'était à la fin de la soirée de matchs, il avait fait acheter encore une fois de vrais tables de tennis de tables pour les compétitions.

Moi aussi je faisais du Judo à coté près de la cité Batelière dans la petite ruelle, parait-il j’étais naturellement très doué, c’est le prof qui le disait, je faisais tomber les plus lourds et sans effort ce qui est le principe à la lettre de ce sport, utiliser la force de l’adversaire, et bien j’avais tout compris intuitivement, le seul problème c’est que je détestais le contact de ce gros tas et de se faire tirer les vêtements dans tous les sens, une horreur on avait l’impression de se faire déshabiller, va t-il me lâcher celui-la, jamais, comme je voulais m'en débarrasser, je le faisais vite de préférence et tous ces gens assis en carré qui vous scrutaient les fesses pendant le combat, parce qu’on ne voit que des bras des visages tordus et rouges, vraiment dégradant, j’aimais le moment salue on devait dire quelque chose comme « merci » en japonais dans les règles de l’art, et puis on répétait les premières figures en Japonais, GonG de fin enfin, mais ma tenue superbe et lourde était fantastiquement blanche comme la ceinture qui le restera.…dans le placard avec la forte odeur de Coton particulier qui définit ce genre de tenue martial. Danielle était désespérée, tu es bon le prof le dit, tu as une belle tenue alors… euhh Bof. Ce contact direct c’était un peu comme essayer de tenir un chat ou un oiseau, l’un griffe, l’autre ne bougeant plus attendant le moment pile pour s’envoler et se sauver des mains griffus du ravisseur, je me sentais prisonnier de quelqu’un de ses bras insupportable, je voulais vite m’enfuir.
Pour en revenir au Tennis de table, il ne jouait que rarement sur les tables lambdas et jamais avec une raquette Pico, les effets étaient nuls. Mais bon à quatre il ne dédaignait pas de jouer pour l'amusement et gagner bien entendu, comme chez Arnaud Dorenal sur son pic avec panorama 180° sur la mer au coucher du soleil, on contemplait en silence.

"-Dany là franchement tu aurais pu l'avoir en bougeant plus vite et anticipe mon vieux anticipe

-Bernard commence pas, je fais ce que je peux, tu ne te pousse pas aussi, tu me laisse que les balles que tu ne peux rattraper, les plus durs c'est pour bibi et tu m'engueules

-c'est bon, ça va, de toute façon je sers on va leur mettre une fessée aux deux jeunes Arnaud et Annie

-Après je me mets avec Annie et on va vous battre au PONG (premier jeu de tennis vidéo)

-T'as raison Dany ce sont des matchos (Annie)

-Bèèrnaa joué la baal a, yo lé pouéparé  poulé cituoonn  soosse Aano là cé sèiieu pa igolé moin (arnaud)"

Yé Gris ! Yé gras ! Mistigri Mistigra

Ti-Milo                                                  

Mi lago

Mi moin mi ou

Billot

Martin peche

Yo le Ou touni en tet

Bidon Dachine

 Il faut un peut de courage au début pour s'imprégner mais ça vaut le coup !

Eugène Mona est un chantre de cette voie là, on est loin de "Adieu Foulards, Adieu Madras" de Loulou Boislaville bien que sympathique, c'est un peu le louis-ferdinand Destouche Martiniquais dérangeant, anti-blanc ouvertement, avec arguments historiques, Chaman extatique impressionnant compositeur, chant(r)eur défenseur d'une culture afro-antillaise, très roots il parle des origines au tréfond des entrailles de chacun avec violence, au caractère trempé dans la pierre de sang de la culture vaudou, une force de la nature peu commune, une énergie infinie, la rage d’une lutte, héritage de révolté né des douleurs et des oppressions blanches coloniales, LE POETE. Ses disques sont des icônes, sans doute le plus grand créateur avant longtemps, autant par la simplicité de ses mélodies musicale que la force poétique, sa voix forte et pesée nous prend par la main dans les anciennes traditions, noyau dur de la musique Caraïbes, son jeu est fin implacable, incopiable. Il joue de sa flûte magique comme un os entre les dents d'un pit bull, habité par le monde des ombres dans la nature vierge animiste, indépendante à l’homme, complémentaire et sincère de la Martinique. Sa musique racle et résonne entre chaque feuille, fait taire les grillons quelques instants de torpeur, le silence soudain pour reprendre encore plus fort, odeur des terres chargées d'humidités de langueurs tropicales du soir au moment de la pluie souveraine qui rafraîchit et conclue la journée du "pauv'neg" dans sa case fourbu, la langue créole jaillit d'un jet évident émouvant, bouleversant. Sa musique dérange, choque tant elle est libre indomptable, tigre ou serpent, c'est le combat constant de la mangouste et du trigocéphale, ne pas trop s'approcher sans se brûler à la douleur, dans la nuit démons et anges s'approchent des ombres oubliées. Il vit aujourd'ui au Panthéon des grands créateurs qui ont revisité la langue, les rythmes. Toute la force de la Martinique y est contenue enracinée, chevillée d'une seule pièce, matrice unique d'un génie authentique qui nous a laissé une oeuvre qu'il faudra écouter et réécouter sans en faire jamais totalement le tour. Et puis il parle de nous de la difficulté d'exister et des multiples chemins bon ou mauvais, la spiritualité, sans juger, hommage à la vie ce "Patrick Dewaere noir" nous destabilise mais rassure par l'amour qu'il porte au monde, la sève chaude coule, dans un rut et un élan de tempête radicale et salutaire, qui se lit au-travers de chaque mot chaque note qu'il créée. Dans sa vision il nous emporte dans sa magie tel un cyclône sur les mensonges assassins, sorte de Nef de Fous venu d'un songe, un miroir qu'il nous tend, le bruit des chaînes et des entraves, le martyr et les luttes à jamais inscrites sur son corps et dans sa musique lancinante, qui palpite constamment, rythmique lourde, sinistre, comme une histoire à rebours dans sa mémoire précise de chaque fait chaque geste chaque malheur qu'il a retenu pour demander justice, il revient nous parler. Eugène MONA interpelle l'âme sombre de tant de coups reçus, qu'il repousse non par vengeance mais pour honorer quelque ancêtre méprisé ou humilié dans ses tripes. En recherche vertigineuse il descend au fond de lui même, et regravit à nouveau montre son coeur sans doute blessé sur la table blanche d'un chirurgien donné en pâture. L’animal marche dans sa jungle de mots griffes rentrées, silencieux ronronnant au fond de s’y faire enfermer.
Il est un socle irréductible à jamais inscrit dans la littérature musicale créole, le plus grand l'ai-je dit ? La chance de ceux qui ont pu le voir en chair et en os. Il est temps de le voir installé près des Rimbaud, des Villon, des Léo Ferré de service dans le patrimoine historique Français par respect et compréhension ultime de la créolité et ses ramifications à l'Afrique, l'Inde. Sa route est une source en contact des origines, de quelle origine parle t-il, une partie du mystère indéchiffrable est contenu dans la musique de ses mots, essence même de liberté, ses envolées impressionnantes, et pulsions spontanées. Il nous laisse un manuscrit dont la langue est parfois inconnue secrète, et c’est ce potentiel qui nous envahit, nous hypnotise, comme la toile de la charmeuse de serpent du Douanier Rousseau né au Vauclin qui a fait preuve de courage poétique et de libre paroles, En fait Eugène MONA c'est l'énergie de l'eruption d'une montagne Pelée, torrent de cailloux, destruction et reconstruction de la langue, de l'histoire, une chimie insaisissable.

MONA_POCHETTE_FLUTE

 Revenons au Requin voilier fabuleux, créateur de rêves infinis, un outil pour les esthètes de la mer, qui fendait les lames parfois, on touchait quelques oursins noirs, certes les épines sont longues, pour gagner quelques minutes, seul un autre Requin était à même d'aller plus vite, nous on servait de balast dans le fond de cale en cas de nécessité et elle était très petite une cave-cale au milieu des sacs de voiles humides, bons amortisseurs, mais très utile pour remporter la victoire autour d'une bouteille de Rhum évidemment "La Mauny" et citron vert, sucre de canne de préférence pour les grands car 65 C° à 70 C° la spéciale pas pour les touristes à 50 C° nous c'était jus de Papaye, Prune de Cythère, Maracoudja (passion), Orange antillaise, Mangue, Tamarin, Corossol, Ananas, Coco, Citron, Pomme d'eau, Cerise des antilles, Quénettes, Bananes mais alors plein de sortes et un goût toutes petites tinain...celle qu'on mange en métropole était tout juste pour les cochons, ou cuit en légume, ce jus allait avec des glaçons, ou bien de la glace pilée et du sirop (Granités), de la glace antillaise au coco et vanille d'une souplesse et un arôme à tomber, muscade, cannelle venue d'Inde comme les Madras (tissus à carreaux traditionnels). Il y avait les croisières luxueuses un Beaufort 18 vers Sainte-Lucie et les colonies de vacances...de mon souvenir nous n’étions que Alice et Moi dans l’avion qui se posa à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe pour un mois avec notre petite valise, un ou deux métros dont je ne me souviens pas, un mini bus a dû nous chercher et nous sommes arrivé un peu en retard du coté de Basse-Terre vers Saint-François-Les moules-Saint Anne dans la colonie, avec ses plages magnifiques de sable blancs  au milieu d’une grande nature assez vierge à l’époque, on dormait dans une école à cinquante par dortoir, qui séparait les filles des garçons, avec douche rustique, attente en file indienne, course au trésor, les concours de natation, Alice était si rapide qu'elle gagnait même les garçons, leur mettait la raclée sans discussion a tous ces coqs Antillais qui roulaient des épaules avant mais la queue entre les jambes après, ses copines Guadeloupéennes fières d'elle, elles avaient leur revanche de ces "pov'nègs" de garçon (expression qu'ils utilisaient pour eux-même) les antillaises ne se baignaient pas trop, on les voyaient rarement en maillot de bain sur les plages, toujours en boubou, elles étaient assez pudiques, trempaient leurs jambes, déjà parce que beaucoup n'en avaient pas c'était trop cher, les garçons se baignaient en short avec un vieux tee-shirt, et ne savaient pas nager pour la plupart ou barbottaient, donc une fille qui remportait, elles hurlaient pour la soutenir, rien à faire elle gagnait toutes les séries, Brasse, Crawl et Dos crawlé un dauphin, devenait leur idole blonde, elles touchaient ses cheveux fascinées, moi j'avais plutôt droit à Z'Oreil rapports virils quoi, pour me faire respecter il aurait fallu que je sois bagarreur et/ou costaud, donc 1 km aller/retour dans la mer à la nage, on mangeait nos sandwichs au milieu de centaines d'enfants, une rangée de chocolat et du lait frais dans un petit triangle de carton blanc et sa tranche de pain, comme des oisillons ou des écureuils effarés, assis accroupis. Nous attendions le courrier et les colis remplis de merveilles et d'attention, Dany et Bernard étaient champions du monde et bien évidemment de la colonie entière dans ce secteur, deux à trois lettres par semaine et des colis que nous partagions avec les autres enfants qui étaient fascinés par cette générosité de nos parents, nous détenions le record absolu, la dessus pour une fois j'étais leur crack et généreux. Faut dire ils ne venaient pas de loin et étaient Guadeloupéens, m'enfin quand même !

-C'est le paradis ou bien je me trompe, bien que sur le moment il y eut beaucoup d'angoisses le changement, la prise de risques, les enfants apprécient peu comme les chats.

-non il s'agit bien de votre vie et vous êtes bien vivant, je ne sais si vous le méritez mais profitez du mieux que vous pourrez

classe plateau fofo 1978 François CarnavalClasse (une partie déguisée, celui à gauche s'est mis une moustache pour être sur la photo) de CE2, Ecole de Plateau- FOFO, Schoelcher, 1977-1978

alice sa classe caranaval, plateau fofoClasse Plateau Fofo 1978 février époque de Vaval le carnaval, les chants "Ya du beurre lad'an Ossé, c'est pas pour les enfants Ossé", défilé dans les rues ! https://www.youtube.com/watch?v=ibXXobASX_g

 

"papillon volé cé volé nous ka volé" (chant de Carnaval, les diablotins forment un groupe et défilent)

 Chanteurs des iles sous le vent

françoisalice les vagues des salinesFrançois et Alice, Les Salines 1976-1977, adorateurs intrépides de Thalassa et des vagues grosses de préférence.

ecole pointes des nègres, François CM1, Fort-de FranceClasse CMI Pointes-des Nègres, année 1978-1979, Fort-de-France

ecole élémentaire pointe des nègres 2003

Ecole Pointe-des-Nègres en 2003

ah ça on en a extrait tout ce qu'il y avait de beau jusqu'à ne plus pouvoir, les couchers de soleils somptueux sur la mer, des centaines, les marches dans ces chemins mystérieux de monts verts, jungles de fleurs et de bambous géants de plantes vertes foisonnantes de toutes tailles, les oiseaux, forêt de bananiers, rivières, les champs de Cannes à Sucre, lorsqu'on traversait Fort-de France, on prenait la route de Sainte-Thérèse, longeait la Cité Dillon avec son échangeur, son alignée de CASES sur le bord de la route, du même nom, infernal le " Bod'el La" qui était la frontière de la ville puis aller vers le Lamentin, la plaine avec l'odeur de la Rhumerie et du sucre de Canne, vraiment très forte écoeurante de fermentation, il y a les routes de Grand Rivière d'une beauté qui coupait le souffle même à nous habitués, la fraîcheur du Nord de l'île (eh oui, à Paris "ça fait wigolé"), Case pilote, Basse-Pointe, le Marin, Le Vauclin, Pitons du Carbet, La route de Balata, Rivière Pilote, Macouba les pêcheurs dans les vagues énormes en Gommier très impressionnants debout qui revenaient de la pêche, quelle vie contenait cette belle terre, la mer sauvage, la vue du haut de la route, promontoire, juste avant de descendre par un chemin ridiculement petit et un denivellé incroyable on se demandait si on allait pouvoir remonter, respirer avant de descendre sur cette petite plage de pêcheur à peine un bar mais une mer déchaînée, la Caravelle en passant par la Trinité, aussi, sa lumière jaune et sa mer dangereuse à souhaits, Souvenirs de la Pagerie de Josephine à la Plantation du Leritz, la piscine de Giscard-Bokassa (l'affaire des diamands) où on se jetait comme des fous, piscine magnifiquement carrelée une oeuvre d'art d'époque, la route qui passait sous des arbres majestueux se refermant sur nous et faisaient l'ombre au dessus de filaos et bougainvilliers, c'était juste après d'avoir traversé les champs d'ananas Victoria humant force 10 son arôme, puis respirant celui des orangers et leur goût, la poésie des retours en pétrolette dans le soir suite à une journée plage on était fourbu, l'Anse Mitan au hasard, Ilets Cabrits près de Saint-Anne, on regardait la mer et le soleil disparaitre dans la mer toujours.

Hotel de la plantation de J de Beauharnais Leiritz

Alice et françois Hotel La plantation Leiritz, de Joséphine de Beauharnais femme de Napoléon, sa maison 1976

les journées sur des plages encore désertées inombrables différentes, ce terrain de jeu varié et surprenant, les marinas à l'époque faisaient rêver avec leurs grands voiliers luxueux, genre Swann, Beaufort venant du monde entier, j'adorais marcher pieds nus sur les ponts des navires comme un chat la nuit,  tandis qu'on entendait le tintement des drisses par dizaines, un peu comme sur les toits des temples d'asie, qui battaient contre les mats qui faisait comme des milliers de petites clochettes et se mêlait avec le bruit de l'Alizé, le parfum d'aventure, des tourdumondistes qui stoppaient comme les oiseaux avant le Canal de Panama pour ensuite faire le gros morceau, la grande traversée du Pacifique vers les Iles-Marquises au Nord puis Tahiti suivant le vent, l'époque des traversées records qui intéressaient parce que les marins faisaient ça à mains nues sans trop d'électronique, on y serra la main de Tabarly au Frantel, de ceux qui skippaient les bateaux Américains, ne venant que quelques semaines aux antilles pour user leur bateau, mais les skippers racontaient des histoires troublantes dans le triangle des Bermudes, pour un enfant c'est la mythologique en vrai, les animaux marins, les pêches miraculeuses de raies Geantes que les plongeurs qui ramenaient sur la plage du Diamand, les salines, infestée de requins, on discutait avec la lance en métal du fusil de péche dans l'abdomen de la bête encore humide et agitée avec son dard, ou bien regarder la mâchoir du requin, j'avais évidemment mon collier de corail blanc et ma dent de requin au cou genre Rahan, que je lisais le mercredi, l'univers me semblait le même, puisque je le vivais à mon niveau dans une nature à l'époque vivante et préservée. Il y a des sensations indescriptibles mêlées d'odeurs, d'atmosphère humide de pluie, de goût de fruits, la bande son des insectes, les petites grenouilles, qui démarrent leurs chants à la tombée de la nuit, les trombes d'eau violentes de la saison des pluies puis le soleil, ces oiseaux mouches qui venaient butiner les fleurs de nos Bananiers, Hibiscus à foison, Bec de Perroquet, manguier, dans notre jardin tropicale, pommes d'eau, papayer, arbre à Corossol, multitudes de plantes de toutes les couleurs, bougainvillier notre belle haie devant la maison, citonnier vert, pimentier -tu te souviens Alice du cataplasme de pâte de piment issue du jardin, tu essayais ta tenue d'infirmière de la Noyelle, tu m'as tartiné avec du piment frais dans le dos genre un centimètre d'épaisseur, je te dis pas la brûlure et les hurlements au bout de cinq minutes, tu me disais c'est bon ça soigne, de quoi ?-, on a eu un arbre à fruit de la passion peut productif, avec cocotier bien sur et les bestioles avec, la difficulté étant de maitriser cette jungle qui pousse à vue d'oeil, même un bâton peut se ré-enraciner refaire des feuilles et repartir, ça pousse d'une dizaine de centimètres par jour.

Les combats de Coqs et ceux avec la Mangouste qu'on allait voir dans des villages assez louche, il n'y avait que des hommes, dans de minuscules cabanes Rondes avec des bancs, les gens pariaient sur le mort, avant on pouvait voir comme dans  l'entracte du Cirque d'hiver Bouglione à Paris les fauves et lamas qui me crachèrent dessus, l'odeur de la ménagerie, non ici on voyait les coqs dans des cages en Osier que les propriétaires montraient orgueilleusement, les coqs avaient l'air fiers comme Artaban, fier de mourir peut-être ou gravement blessé.

Ces soirées Vaudous où je ne suis pas aller avec la danse du Limbo, pour passer sous la barre en bois, de plus en plus bas, dans une ambiance de danse furieuse, ils marchaient sur les braises, je crois que c'est Alex qui vous emmenait un pur antillais de guadeloupe, les blancs avaient à peine le droit de venir à l'époque, mais quand un ami d'un ami d'un Touba alors bon, mais sans photos évidemment, ces choses on n'en parlait pas beaucoup ouvertement, mystère religieux venant des bateaux des Esclaves Africains, donc Anti-Blanc.

 Bob évidemment, Natural Mystique, dans la voiture de Arnoo décapotable près du Woberr, Sin Fancoua, t'inité

Chemin de l'école en 2003 devenu route

Chemin des songes qui devint route ici en 2003

Pour dany et bernard des soirées de danses mémorables ou de tennis de nuit à la fraîche, et puis on vivait en maillot de bain et pieds nus toute l'année, l'école ne pesait pas bien lourd (on l'a payé après) et le chemin qui y menait faisait traverser poules, cochons, oies, dindes, chiens errants, arbres fruitiers variés et fleurs, senteurs, on voyait depuis  Plateau Fofo la mer d'un joli bleu tous les matins-midi et soir le coucher sur la pointe Blanche et les bateaux au loin, Cargos de rêves, je me souviens de ce face à face avec la nature et son bavardage amicale, je rêvais dans le rêve et m'envolais par la fenêtre de la classe aux fenêtres en claies de bois, tout était ouvert, les somnolences de l'après midi et pas question de sport en plein soleil, les frissons parfois de traverser des zones tropicales seul dans la nuit entouré par une masse sonore et on imaginait des bêtes inconnues prêtent à se jeter sur nous, les insectes volant en masse, yenyens qui grattent, vous frôlaient la peau et la nuit dans la chambre les gros cafards ailés, qui rongaient méthodiquement le bois des contreplaqués des jalousies de verres, on se servait de la manivelle pour les ouvrir, on entendait le bruit du grignotage la nuit, parfois des lucioles tournaient dans la nuit de la chambre créaient des lignes vertes, une fois au début de notre arrivée, un nuage entier de milliers de gros cafards s'était abattu dans notre jardin où on était en train de manger, le sol est devenu noir et grouillant, ils volaient vous cognant la tête, cela a été un choc psychologique, ou bien comme de marcher dans un nid de fourmis rouges pieds nus et maintes fois, cela marque l'esprit et les pieds bosselés comme les lépreux, je vous garantis la douleur, les chauves souris qui voletaient avaient mauvaise réputation de s'agripper aux cheveux fins, déjà le goût de ça, retrouvé dans d'autres latitudes lointaines bien plus tard,  mais je suis revenu voir, j'ai vu cette carte, j'ai manqué de "pléré" les larmes aux yeux, quelle légèreté de plume cette histoire, bien que les impressions furent grandioses, tout y était tout petit micoscopique mais existants et réels, comme revenir dans un village, et on avait méticuleusement et dans la totalité, fait le tour de l'île par la route et par la mer en voilier. Des noms pour le plaisir, Route de didier, le Parc Floral de la Savane (on y faisait des cours de dessin le mercredi), Cité Ozanam, cité Batelière, Fort Tartenson, Pointes des Nègres, Baie des Tourelles, Volga Plage (chaud Bernard y enseignera avec des élèves delinquants trois ans de retard ne sachant pas lire, une main de fer), PLM batelière (Hilton) notre QG piscine et plage à deux pas de la maison, Dany y travaillait, au milieux des grands et majestueux flamboyants arbres gigantesques qui se paraient de fleurs rouge éclatantes surplombant la piscine, qui elle même avait une vue sur la baie de Fort-de-france, et en dessous la petite plage artificielle de sable d'or ramené des salines, dont on n'avait vu l'aménagement sur une sorte d'avancé en pierre, jetée sur la mer, d'un restaurant avec vue en transparence sur le sol en verre, très nouveau à l'époque, mais hélas ce n'étaient pas les coraux de polynésie, on y voyait surtout les énormes oursins noirs immangeables à grands pics qui pullulaient, les raies et quelques poissons colorés, mais ils avaient amménagé aussi une nasse de langoustes naturelle dans la mer prête à être mangées au restaurant, on observait ces centaines d'antennes qui  bougeaient dans tous les sens dans cette aquarium vivier vertical, cette annexe du Hilton était à la mesure du public exigeant riches américains.

En rentrant, de nos virées on entendait encore ce groupe s'entrainer qui habitait derrière chez nous, toute la journée , c'est les Bil ô Men et son "grêve générale", qui nous faisait rire des années après avec Bernard, car à chaque manifestation même à Paris les infos à la radio, on entonnait çe "Gouève Général nous pas dacco, Yo pa content" Grève Générale

 

timbre guyane française-TERRITOIRE DE L'ININI

 Ce genre de chose, d'expériences que l'on vit qu'une fois et si on est béni des dieux, et des étoiles qui nous on sourient amicalement, allez y la vie est courte. N'oubliez pas non plus les amis de l'époque les Arnaud et Annie -qui partirent après en Guyane plus sauvage, Bernard a été les voir à Cayenne mais aussi leur cabane (carbet) de week-end dans la jungle et baignade dans les bras de l'Amazone-Le Fleuve Maroni bien sûr Territoire de L'inini, Manset,

Chaud comme un nid
Territoire de l'Inini,
Tout est fini,

S'enfonce vers l'infini,
Tronc équarri
Glisse sur le Maroni,
Piroguiers aguerris,
Chamane qui les guérit,
Pluie sans répit
Sur le rio Kamopi,
Seins ronds comme des fruits,
Nagent nus dans l'Inini.
Danse et magie
Ont duré toute la nuit.
Cendres sur l'abatti
Et l'avion est reparti.
Dans la cabane pour la nuit
Contre des perles et des fusils,
Femmes livrées sans un bruit,
Pluies sur l'abatti
Dans le village endormi,
Fièvres, maladies
Et l'avion est reparti.
Pleure et prie,
Arawak, Guarini
Guayara, Galibi
Pour les indiens
Du fond de leur sinistre nuit.
C'est comme un bout
De paradis
Qui tient debout.
Pleure et prie,
Arawak, Guarini,
Guayara, Galibi,
Pour les indiens d'Amazonie...

Fleuve MARONI photo Bernard-Montagnon

carte maroni environs de Cayenne

Oh Amazonie, photo B.montagnon-graphisme f.montagnonTerritoire du Maroni, Carbet, Guyane française, Bernard , Arnaud et annie Dorenal 1986

GUYANE-CARBET FLEUVE DU MARONIBERNARD, REPAS AU CARBET DANS LE TERRITOIRE DE L'ININI

HAMAC-BERNARD-DORMIR DANS LA JUNGLE DU MARONITerritoire du maroni au milieu de la jungle indienne de l'Inini.

GUYANE FRANÇAISE-REGION MARONI CARTE 1656

 DEPART-COURSE-GOMMIER 1986Départ course de gommier à Sainte-Anne Martinique, 1986, photo de Bernard

MARTINIQUE COURSE GOMMIER 1986tu l'avais vécu, d'ailleurs il y avait une superbe photo, que tu avais encadrée de jungle de liane, de fleurs de "Aroua" perroquet multicolores, tu avais visité le bagne aussi, pour l'anecdote tu avais pris le 4x4 à Cayenne sur le chemin tu roules sur un tronc d'arbre, normal il y avait des branches partout, sauf qu'en regardant dans le rétroviseur tu le vois avancer et traverser la route, c'était un énorme Serpent de huit-mètres de longueur.

https://www.youtube.com/watch?v=FJSqQTw6JzU

Anne Vanderlove, dites-moi

Nous étions en Martinique en hauteur de leur maison devant un panorama de rêve, les parties de Ping-Pong les parties de Pong (premiers jeux vidéos), le Robert mais prononcer WOOaubèr, sa petite île personnelle du Ilot chevalier on y allait en gommier passant la vague de la barrière de corail dangereuse à partir du Cap Chevalier, vers le Canal de sainte-Lucie, mer dangereuse parfois, le houle et des dauphins, Espadons, Baleines de temps en temps, le François on y passait souvent ce petit village vraiment sympa,  Claude, les Bosser, Bredon, Sonia la farfelue, et les milliers d'autres témoins de cette époque. Notre superbe coccinnelle wolkswagen blanche que je rachèterais bien pour le souvenir, mais où est-elle ?

Tu te souviens Cécil, tu vins  "voua nou" , tu habitais derrière chez nous, on avait le jardin en prosmicuité,

Maison des dijoux rue sainte-Catherine, Schoelcher

Rue Sainte-Catherine 2003

32 quartier des poiriers Schoelcher

32 quartier des poiriers, le vieux bougainvillier

 avec ton ami alex, celui qui habitait près du mini stade derrière le temple Adventiste, ils nous faisaient peur avec leur tenue noire avec leur Eglise étrange et moderne, près du centre commercial Cluny de l'époque seul avec les cinémas (je me demande si Ségolène Royale ne s'est pas servie de sa mémoire là-bas pour sa représentation " Lévé vous Femme Débou" en chasuble noire, elle allait derrière dans le Lycée Cluny énorme pour filles uniquement, pour riches blanches et Békés, filles de militaires, Bernard ne voulait pas mettre Alice si c'était quasiment obligatoire à cette époque, donc mon école, la Pointe-des-Nègres, que des Antillais (on était deux Z'oreils dans toute l'école) et Alice Collège Tartenson en uniforme quand même mais pas catho faut pas abuser)

latitude club méditerrannée, famille maréchal

 Au Latitude, famille  Maréchal Elisabeth et Frédéric enfants de militaires à Cluny

maison amis Maréchal

Leur maison qui jouxtait mon école de pointe-des-Nègres, 2003

, sur le chemin alors vers plateau-fofo, il m'avait donné un skate-board de fibre de verre, sympa, donc tu me dis -Ya Marius Trésor qui vient au stade Achille Batelière, entre Pointe de Négres et pointe de la Vierge, je confondais avec Pelée bien que c'était la période de la coupe du monde 1978 et on collectionnait les vignettes sur un livret avec tous les footballers et autocollants chaque semaine, tu te souviens que j'avais le cousin de Dominique Rocheteau à l'école, le magicien sur la photo à droite dans ma classe de Plateau-fofo, à l'époque je le croyais à moitié mais plus tard ça soeur me l'a dit par mail sur copain...elle se souvenait de moi à son anniversaire à elle, elle m'a juré que c'était un cousin d'origine Réunionnaise, maintenant il habite en Hollande le copain, bref nous y sommes allés et bon l'avion n'est pas arrivé nous sommes repassés par la petite ruelle vers le quartier des poiriers en faisant le crochet par la petite marchande en bas prendre des sodas aux couleurs fluos ou un Pepsi-cola demi litre pour trois et des énormes bonbons ronds qui changeaient de couleurs sur notre langue, on vérifiait en le prenant avec les doigts, le goût était dégeu mais bon... Le jour de notre rencontre avec ton vélo orange bricolé, nous on n'en avait pas, on jouait au Foot ou au Badmington avec ma soeur, mais on voulait pas que tu joues, tu faisais peur un peu genre racaille quand même, nous étions méchants va et puis après... Tiens époque Disco, nous étions accros aux Bee-Gees, tu dansais vraiment super bien version Travolta ", le disque GREASE que tu avais offert pour l'anniversaire de ma mère généreusement avec tes économies, on est allé à Fort-de-france en Bus pour voir "Night Fever" 1977 ? interdit aux moins de seize-ans on est donc allé voir je ne sais quoi à la place près de notre cinéma Sainte-Catherine à 5 francs

CINEMA sainte-catherine, notre Cinéparadiso

Ancien Cinéma rue Saint-Catherine, on mangeait les FROZEN de toutes les couleurs, en face des jolies voisines...

maison des amies

Leur maison !

comme dans notre salon, on buvait ces sodas ou granités, genre "Croc-Blanc" on restait plusieurs séances d'affilées. Nos boums disco à répétitions pendant que mes parents partaient danser eux aussi dans des boites antillaises, tu étais vraiment un excellent danseur le meilleur d'entre nous

Saturday Night Fever, Bee Gees, danseur Travolta ou Cécil ?

grease pochette disque

, et on imitait la voix tous les personnages du "Muppet-Show" (footsy intellectuel  OOOOHFOOOTSY),le dimanche soir. L'époque Goldorak, tu avais une petite figurine de Alkor en caoutchouc, cette fois on est allé voir la version longue à Fort-de-france, tranquille on prenait notre bus 101.

les copains, montagne pelée, Cécil et françois

Mais vraiment tu étais très doué deux ans d'avance, certes en Martinique, Bernard t'adorais, tu lui ressemblais un peu, ce goût pour le foot (moi bof) et les échecs qu'il t'a appris aussi, et puis il t'a sauvé la vie au Salines, lorsque tu as manqué de te noyer emporté par le courant vers le Diamant, il nous tirait vers le large comme un succion vers les très hauts fonds, mais je sais qu'il faut nager latéralement à la rive, contre le courant c'est impossible facile à dire , nous on est rentré seuls difficilement la mer était démontée ce jour là, beaucoup trop forte pour se baigner, mais avec Alice les vagues on adorait ça sans limites, Alice nageait comme un Dauphin et moi je plongeais bien dans les vagues pour éviter les courants froids surtout celui qui qui te prenait par les pieds, je faisais du sous l'eau pas mal et retenais mon souffle plusieurs minutes c'était le bon temps, on n'avait pas l'air comme ça mais on était super entraîné, les montagnon ça savait nager. Souvent Bernard nous en reparlait des décennies après de la difficulté qu'il a eu de te ramener, il a vraiment eu la peur de sa vie, mais il ne t'aurait jamais lâcher mon Cécil jusqu'au Rocher du Diamant si il avait fallu, sa fidélité était sans aucune faille, il t'aimait beaucoup, avec les requins tournoyant autour de vous vous auriez eu l'air fin et eux très faim. Il te perdait, il nous perdait le mal aurait été de la même nature, heureusement, excellent nageur, j'ai toujours eu confiance en lui, rappelle toi Actarus venu du fond de l'univers et puis Fanzy vêtu de son cuir noir de gentil rockeur au coeur tendre qui porte sous le bras un album de souvenirs "Happy Days" sous le Bras

cecil dessin dédicace livre de souvenirs

Actarus

 

alice sur le requin, port nautique de Fort de france

Sur le "Requin" à la sortie de Fort-de-France, club nautique   Ou piti, Grammacks

requinde des rêves

Exemple de Requin, 9m 60, 1930, fabriqué en Finlande par G Steinback, une merveille.

carte martinique naiveCarte de cette époque, qui n'a plus rien à voir aujourd'hui, pour ceux qui s'intéressent, la mer est très différente entre les deux rives, relativement houleuse et forte, dangereuse coté East l'Atlantique, calme sous les alizés idéale à l'Ouest la mer des Caraïbes, mais manque parfois de vent, on ne peut pas tout avoir !

villafanfan bernard lisant Tintin du mercredi

noel au Hilton, du personnelNoël Hilton, Batelière 1978, pour une fois la famille au complet sur la photo.

dessin par Ruthie hollandaise, départ définitif

L’adieu aux Antilles ne se fît pas sans un signe particulier donné à cette famille si attachante et vivante, un au-revoir Cyclonique triple, Bernard était déjà parti depuis un mois pour préparer notre arrivée, une partie de notre déménagement était entassé dans une énorme caisse de bois, qui devait prendre le Cargo à Fort-de France.

Henri Salvador
Adieu madras, adieu foulard
Adieu rob'soie, adieu collier choux
Doudou en moins li ka pati
Hélas, hélas ! cé pou toujou !     

Bonjou Missié le gouvêneur,
Moin vini té oune pétition
Pou mande ou autoisation
Afin laissé Doudou moin ici.     

Non, non ,non ,non, déjà top tard,
Bâtiment a déjà sur la bouée.
Non, non ,non ,non, déjà top tard,
bientôt il va appareiller.     

Adieu madras, adieu foulard,
Adieu grains d'or, adieu collier choux,
Doudou en moins li ka pati
Hélas, hélas ! cé pou toujou !     

"L’ouragan David frappa le bassin de l'océan Atlantique nord en 1979. du Samedi 25 août 1979 au Samedi 08 septembre 1979, Il fut le 4e système tropical nommé, le 2e ouragan enregistré et le premier majeur de la saison cyclonique 1979 dans l'océan Atlantique Nord. Cet ouragan cap verdien de catégorie 5 fut l'un des ouragans les plus meurtriers de la seconde moitié du XXe siècle, faisant plus de 2 000 victimes, principalement en République dominicaine. Sa trajectoire le fit passer des Petites Antilles vers la Floride puis il remonta la côte est des États-Unis pour quitter l'Amérique vers le nord-est par les Provinces Maritimes canadiennes. Avec des vents de 280 km/h, il fut le plus fort système tropical à passer en République dominicaine depuis l'ouragan de 1930 et le plus puissant en Dominique au XXe siècle."

           Pour nous saluer, dix jours avant notre départ définitif, annonce du cyclone (Ouragan) David, qui passerait en plein sur la Martinique et les Antilles, avant son arrivée nous nous sommes calfeutrés dans la maison selon les conseils de ceux qui savaient et mis des planches aux Persiennes de verres. Nous avons attendu fébrilement ne sachant à quoi s’attendre, il est arrivé dans une furie totale, les vents atteignirent vite les 280 km/H, nous étions protégés grâce à la bonne situation de la maison enclavée, protégée, cela souffla sacrément avec de la pluie genre des torrents d’eau tel un robinet géant, se déversait sur les routes prenait de la vitesse, puis cela s’arrêta nettement, plus rien nous étions dans ce qu’il s’appelle l’oeil du cyclone, calme plat, je sortis comme à l’accoutumé de ma curiosité et m’aperçu du désastre, tout était arraché, on pouvait voir un arbre devant notre maison de trente mètre qui avait volé du début de la rue comme une simple brindille avec ses racines et partout toitures envolées électricité coupée depuis longtemps, je suis allé marcher pour voir partout, enjambant tout ce qui trainaient partout, toits de tôle, et objets, la nature dévastée surtout.
Nous devions partir bientôt les valises étaient prêtent, mais notre voiture qui avait été donné à Sonia n’était pas là, inquiétude de Dany, plus de téléphone, plus rien, tout était coupé depuis la métropole. Enfin sous des trombes d’eau elle arriva dans notre chère Coccinelle pétaradante, vaillante la Zoé, on l’aimait bien, on chargea rapidement direction le Lamentin l’aéroport, nous devions traverser Schoelcher entre les branchages arrachés sur la route, en passant par Cluny ou se déversait toute l’eau qui débordait des rivières en torrent d’eau et de Monts, la descente sur Fort-de-France avec trente centimètres d’eau, on avait peur que la Coccinelle cale, mais elle fut courageuse pour nous déposer. On vit ce spectacle hallucinant sur la « Baie des Flamands » que l’on connaissait dans  ces différents visages, dernier clin d’oeil pour nous montrer tout de cette île, je l’ai compris comme ça vraiment, un signe de la main, sur la Savane , place centrale de Fort-de-France imaginez des bateaux de vingt mètres, des voiliers  de luxe et Yachts de trente mètres qui étaient plantés, de même que les pétrolettes, quille à l’air comme des vulgaires jouets cassés, brisés, tordus, dévastés, (imaginez sur la place du Trocadéro l’effet que ça donne), il y avait des vagues énormes qui passaient par dessus la jetée, les bateaux avec, nous roulions au milieux des débris du vent de la pluie, c’était cataclysmique, mais je trouvais ça beau, impressionnant, et un bel hommage de cette nature, quelle puissance, je regardais ça passionnément, merveilleux, quel cadeau, même si ce spectacle de désolation ne ravissait pas les Antillais. On longeait tout ça en se prenant des vagues qui se retiraient et tombaient sur le capot, il n’y avait pas grand monde dehors ni sur les routes les gens restaient calfeutrés, un deuxième cyclone n’allait pas tarder.
Nous arrivions à l’aéroport mauvaise nouvelle mais prévisible, les avions ne venaient plus d’Europe refusait même de décoller trop dangereux, et donc l’aéroport était vide de Longs courriers. Mais il restait une possibilité, il y avait un Boeing 747 de Air France à Point-à Pitre en Guadeloupe, il allait partir dès que possible demain, mais pour se rendre la-bas il n’y avait plus d’Avions de grandes compagnies, mais il nous reste un FOKER 18 jaune poussin à hélice, 10 places, qui peut-être pourra s’y rendre avec quelques personnes, cette chose appelée Avion devait datée déjà de quelques trentaine d’années, sièges en bois avec une vague ficelle faisant office de ceinture, il fallait partir vite puisque David nous poursuivait personnellement sur la Guadeloupe, c’est pas grave on charge nos bagages, Au revoir Madinina !, notre île aux Fleurs si belle aujourd’hui malgré cela, en colère de nous voir partir certainement, le décollage fut épique, et magnifique au dessus des bananeraies dévastées et d’une mer bouillonnante, blanchâtre remplie de débris qui flottaient, d’arbres et de bateaux jetés sur les côtes, le voyage en avion sur des Montagnes Russes, nous étions pas plus de cinq six la dedans, la porte ne fermait pas bien, et le vent rentrait avec la pluie, on marchait sur une sorte de nappe d’eau dans l’avion haletant, dératage des moteurs, on pouvait voir les hélices ça giclait partout, au dessous la mer Caraïbe, on espérait arriver au bout quand même, alors nous piquions dangereusement avec un atterrissage sur l’eau puisque le Tarmac ressemblait à un lac sploootchh, et le bruit des hélices c’était dantesque, gerbes d’eau et freinage difficile. bienvenu en Guadeloupe pour la seconde fois, personne à l’horizon pourtant, on a du prendre nos bagages, et l’annonce de David qui nous poursuivait presque Air-France dit NIET pour partir mais bon chien nous invita dans un premier temps la note suivrait vers la SABENA.
Nous avions pris une compagnie Belge la SABENA qui atterrissait à Bruxelles en Belgique, mais en fait nous prendrions un avion affrété par Air France. On arrive en Guadeloupe, on nous dit un second cyclone arrive, c’est normal il y a les « bébés » qui suivent toujours, on vous envoi au NOVOTEL, c’est la compagnie qui vous l’offre, nous restâmes plusieurs jours dans une superbe chambre, vue sur les vagues gigantesques  d’une dizaine de mètres qui se déchainaient sur la plage au sable jaune, des beautés extraordinaires de la nature en furie, nous mangions comme des Princes matin midi et soir, dans le hall de l’Hotel aéré comme c’est la tradition à cause de la chaleur pour faire entrer l’Alizée, tout volait, les pianos, les tables, les nappes, c’était le carnage aussi, donc on mangeait servis dans les chambres et dans les salles fermés. De l’autre coté de l’Atlantique Bernard nous attendait à Bruxelles mais il n’avait plus de nouvelles de nous depuis plusieurs jours et les informations étaient vagues, il venait chaque jour attendre les nouvelles mais rien, avion coulée sous la flotte le vent et les vagues. pour lui c’était très stressant il ne savait rien, à l’époque le téléphone ne marchait plus.
Un matin on nous dit, l’avion d’Air France va partir bon dépêchez vous faites vos bagages , mais bon c’était pas certain quand même, on le fait à fond, dans une ambiance de folie, de prendre un minibus au milieu des vents qui rugissaient, ça sifflait mais c’était bon nous étions rodés à ça. On arrive à l’aéroport de Pointes-à-Pitres au milieu du « Bodel ‘la » des bagages partout le souk complet, enregistrement je ne sais comment, mais surement pas dans les règles de l’art, je ne suis pas certain qu’on avait un ticket , on va dans l’avion à pied, un Boeing 747 attend dans la tornade porte ouverte, résultat on entre dans un avion avec 5 cm d’eau sur la moquette, et ce vent mélangé à la pluie qui s’engouffrent dedans le Cokpit, j’avais avec moi ma Grue sorte de jouet monstrueux que je ne voulais pas lâcher, très bien, dans la cabine du pilote, qui aimait les grues justement. Mais le personnel de l’aéroport n’était pas là, calfeutré chez eux en famille,  on s’assoit et l’on voit nos bagages et nos cartons (nous déménagions) sur le tarmac se prenant la flotte par mètres cubes en plein centre immobiles, en attente de personnel invisible, on les vit se décomposer sous nos yeux, déjà qu’au voyage Martinique-Guadeloupe ils n’étaient plus frais, nous les avions raccommodés avec des étiquettes autocollante d’aéroport à l’arrivée à Pointe-à-Pitre mais là c’était leur chant du cygne.
Je crois qu’on les a définitivement perdu sur cet aéroport, on récupéra nos valises et ma grue que le pilote m’invita au cours du voyage dans LAKABINE du 747 un monument de technologie, de fascination, j’adorais les avions déjà et pour la quatrième fois on traversait l’Atlantique et ses navires tout petits sur la mer, il me laissa regarder les voyants tout en me parlant, j’étais impressionné.
Tout de même on arriva comme ces sortes de migrants avec de drôles de têtes, mon père aussi avec les larmes aux yeux et souriant, malgré qu’il était fatigué, mort d’inquiétude lui aussi d’avoir attendu sans nouvelles claires et d’allers retours Paris-Bruxelles plusieurs fois, mais il décida de prendre une chambre lorsque la situation empira avec un collègue qui attendait sa famille aussi, copain de circonstance et le sourires plusieurs jours sans infos. On su qu’un troisième cyclone arriva au moment ou l’on décollait de Guadeloupe, et qu’il fallait faire vite pour éviter de le croiser encore une fois. Toutes les autres compagnies refusèrent de bouger, c’est AIR-FRANCE avec ses pilotes chevronnés qui nous sorti d’affaire, il fut applaudi comme au théâtre au décollage et après l’atterrissage, situation de guerre.
Bernard était tout ému, nous aussi, ça faisait tout drôle d’être en Europe, toutes ces lumières de Bruxelles, cette modernité et cette organisation, je me souviens de la Cafétéria, on parlait parlait, il s’était passé tant de choses en quelques temps, des aventures multiples et dangereuses. Bizarrement Bernard évoquait plus ses souvenirs tandis que nous nous restions silencieux avec l’image fraîche de ces vagues géantes balayant les plages, écrasant les bateaux, le vent, la désolation, le cataclysme et les avions de fortune, la pluie en torrent, l’ambiance de folie.
On reprenait l’autoroute et s’endormait dans cette Renault 12 avec une grosse rayure verte sport, mais confortable, le frottement soyeux des pneus sur la chaussée lisse nous berçait, on finit pour se retrouver à Paris dont l’entrée chaque fois me serre le coeur par sa Beauté évidente, ses rues ses cafés ces gens Habillés, un monde à part et luxueux vue de l’extérieur.
Je fais ce soir là, le François Disc-Jockey en me remémorant, habitué à manipuler la platine, et les quelques stocks de vinyls un peu rayés, objets qui avaient une âme, ils en avaient vu du pays et des fêtes, des danses, j'adorais depuis les antilles voir physiquement sur les gens de ce que provoque une musique, c'est fascinant, leur faire plaisir, les voir rires et danser, remuer le corps avec une liberté illimitée, je connaissais par coeur toutes les pistes de tous les albums, virtuose du changement de disque, et de trouver vite la bonne plage, ce qu'il faut, en plaçant la tête du diamand sans faire du bruit de contact exactement au bon endroit, au bon moment, très difficile surtout quand ça bouscule de partout verres à la main, cris et assiettes pleines, pour ne pas que ça retombe, quoique je ne suis pas très inquiet pour l'ambiance, la question c'est quand est-ce que ça va se terminer, là c'est l'incertitude complète d'autant que les michels, Nicole, marcel, claude, semblent prêt à passer la nuit à la maison enfin j'adapte les disques en fonction, avec tout le monde admiratif du couple dance-floor Dany-Bernard, Travolta et Olivia Newton John, époque Night Fever 77, en plus tropical, on en connaissait un sacré rayon en musique Caraïbes, tiens je vais mettre les "Vikings de la Martinique" le morceau de danse favori et interminable, maman pa pléré,  "Déposez les armes" (il existait les Vikings de la Guadeloupe)

poissons antilles 051 retouche redux  La Perfecta 1978,

Michel tout en finesse "franchement bernard bon t'es pas terrible physiquement mais comment tu as fais pour avoir une femme aussi jolie, à coté tu fais désordre", quand on les voyait danser le respect de la salle subjuguée par les prestations, en général,  il y a du monde et l'appartement semble très petit, la fumée est dense on ne se voit presque plus, c'est dur d'être les voisins j'y pense, quand tout le monde joue du Tam Tam avec les tabouret creux en plastique quelle heure est-il, non franchement, voilà Dauby qui amène son gaufrier vers les deux heures du matin, lui il ne déssoule pas pendant neuf jours la neuvaine certaines phases délicates pour lui de l'année, pourtant spécialiste éminent Français dans l'informatique, initiateur des premiers logiciels dans les années 70, créateur d'ordinateurs expérimentaux, appelé aux USA pour son cerveau, mais bon là-bas ils ne rigolent pas Bernard alors je suis revenu et il sort son violon pour nous jouer "Nine by Nine" par John dummer's Band, il avait du mal dans le solo final le Dauby, mais avec son niveau d'alcoolémie ça aidait, tout le monde applaudissait sa prestation toujours la même mais à la fois très attendue, critiquée, ouaih c'est mieux, t'as dû t'entrainer là je rêve c'est magique, mais franchement... pour moi ça ne valait pas tes gauffres !

Les nombreux jours de fêtes, Anniversaires, Noëls et toutes les Saint Glinglin, les brevets, les diplômes (tout le monde), les permis... jours de Piano, Ragtime Scott Joplin, Monk, Manset, Christophe (les mots bleus, senorita)...

bernard piano familiale

voici Solace de Scott Joplin qu'il jouait à l'identique ici interprété par Joshua Rifkin son interprère préféré.

Paragon Rag

Il le jouait mieux et je l'ai si souvent entendu que sa version serait la meilleur avec notre vieux piano au son unique légèrement faux et ses bougeoirs de fête, c'était en général la fête à la maison, rire garanti et ennui interdit. Il jouait pour l'un ou l'autre à la demande un vrai garçon de café concert généreux en tout.

 Jamais de jeu d'argent cependant il ne s'en préoccupait pas, le dédain, il me disait souvent "ton vieux père" bien que je ne l'ai jamais trouvé vieux ni dans ses idées ni dans rien, l'éternel jeune homme curieux de tout et très sportif, bien plus que moi et je le remercie de tout ce qu'il m'a apporté jusqu'à aujourd'hui encore, il n'y a pas un jour sans sa présence, et cette musique m'apporte des larmes de joie et de tristesse mélangée, on n'est jamais préparé à ça et on ne peut, mais il me fait encore rire de là où il est.

La fille du pêcheur. Boby L

"Tiens j'vais l'appeler Sirène, elle s'ra reine de mon coeur, de mon coeur elle est la reine !"

La reine Dany son Trésor mais trop occupé à jouer des mots, des chiffres , Nascimo, Higelin

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Commentaires
S
Super les photos de Gommiers (y)! J'aimerai partager vos photos, en avez vous d'autres ?
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